Enquête nutritionnelle : la problématique de la surnutrition est de plus en plus préoccupante dans la population de façon générale

L’enquête nutritionnelle de 2023 s’est déroulée dans un contexte sécuritaire toujours préoccupant avec la couverture de 10 régions sur 13 que comptent le pays. Au total, 28 strates dont 27 provinciales et 1 mixte ont été couvertes par la collecte des données qui s’est déroulée du 14 septembre au 10 octobre 2023. Les résultats obtenus montrent que la situation nutritionnelle des enfants de moins de 5 ans reste modérée avec de nombreuses disparités tant au niveau régional que provincial. Les prévalences du surpoids et de l’obésité chez les enfants de moins de cinq ans et chez les Femmes en âge de procréer (FAP) montrent que la problématique de la surnutrition est de plus en plus préoccupante dans la population de façon générale.

Sur l’ensemble des strates enquêtées, 2 présentaient une prévalence de la Malnutrition aiguë globale supérieure ou égale à 10%. Cependant, la situation pourrait être plus préoccupante si tout le territoire était couvert. En effet, la plupart des zones sous blocus et/ou enregistrant le plus de PDI n’ont pas pu être couvertes. Par rapport aux pratiques optimales, la diversité alimentaire des enfants et des femmes demeure faible, avec des taux inférieurs dans l’ensemble des strates enquêtées à 40%. La couverture partielle de la collecte ne permet pas de faire une situation exhaustive de la situation nutritionnelle dans le pays. Toute fois de nombreux efforts sont consentis par le Burkina Faso, avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers.

La malnutrition aiguë

La prévalence la plus élevée est observée dans les Balès (10,7% dont 1,5% sous la forme sévère) et la plus faible dans la Comoé (4,3% avec 0,0% sous la forme sévère). Des prévalences au-dessus du seuil « élevé » de l’OMS (10%) ont été observées dans deux provinces : Balès (10.7%) et Sissili (10.0%).

Cartographie de la malnutrition aiguë dans les strates enquêtées

La malnutrition chronique

La prévalence la plus élevée est observée dans le Kourwéogo (28,3% dont 12% sous la forme sévère). La plus faible prévalence est observée dans les provinces du Boulgou avec 13,2% dont 3% sous la forme sévère.

Cartographie de la malnutrition chronique dans les strates enquêtées

L’insuffisance pondérale

La prévalence la plus élevée est observée dans la Bougouriba (19,2% dont 3,3% sous la forme sévère) et la plus faible dans le Boulkiemdé (7,7% dont 1,7% sous la forme sévère). Selon l’IMC, la prévalence de l’insuffisance pondérale chez les femmes en âge de procréer est plus élevée dans le Kouritenga (19,6%). A l’opposé, les provinces du Zoundwéogo et du Houet présentaient respectivement les fortes proportions des FAP en surpoids (27,8%) et de FAP en état d’obésité (12,1%).

Cartographie de l’insuffisance pondérale dans les strates enquêtées

Le niveau de couverture de la supplémentation en vitamine A des enfants

Le niveau de couverture de la supplémentation en vitamine A des enfants varie entre 71,3% au Centre à 93,8% dans le Centre-Sud. Pour le déparasitage, il variait de 69,3% dans le Centre à 91,6% dans le Centre-Sud. Les pratiques optimales d’ANJE restent relativement faibles surtout les pratiques d’alimentation de complément. En effet, 65,6% des enfants de 0-23 mois des strates enquêtées ont bénéficié d’une mise au sein précoce et près de 77,5% des enfants ont été exclusivement allaités. Au moins 80% des enfants de 12 à 15 mois ont été allaités jusqu’à un an et près de 70% des enfants jusqu’à 24 mois.

Pour ce qui est de l’alimentation de complément, 32,8% des enfants ont consommé au moins cinq (05) groupes d’aliment et 26,1% ont bénéficié d’une alimentation minimale acceptable.

Bien que les prévalences de la malnutrition sous toutes ses formes semblent stables avec seulement 2 strates présentant une prévalence de MAG supérieure au seuil « élevé » de l’OMS, force est de reconnaitre que les 18 provinces les plus affectées par la crise sécuritaire et humanitaire n’ont pas été couvertes par l’enquête. De nombreux efforts restent à faire pour évaluer la situation nutritionnelle des enfants et des FAP dans ces différentes localités.

La malnutrition aiguë selon l’indice Poids-pour-Taille

L’édition 2023 a montré que la prévalence de la malnutrition aigüe globale variait de 4.3% dans la province de la Comoé, dont 0% de forme sévère à 10.7% dans la province des Balès, dont 1.5% de forme sévère. On note cependant une disparité importante aussi bien au niveau régional que provinciale. Deux provinces affichaient une situation nutritionnelle « sérieuse » correspondant au seuil élevé selon la classification de l’OMS27 (10%). Ce sont la province des Balès avec 10,7% contre 7,5% en 2022, et la province de la Sissili avec 10,0% contre 5,3 en 2022.

A l’issue de l’enquête, les recommandations suivantes ont été formulées :

A l’endroit du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique :

• Réaliser des enquêtes SMART rapides dans les régions non couvertes par l’enquête SMART nationale, afin de faire un état de lieu de la situation nutritionnelle des populations vivant dans ces localités ;

• Réaliser des enquêtes SMART rapides chez les PDI ;

• Réaliser des enquêtes SMART et/ou SMART Rapides sur les différentes périodes agricoles de l’année (Mitigation, Relèvement et Soudure) ;

• Renforcer les actions de lutte contre la surcharge pondérale chez les enfants de moins de cinq (05) ans, les adolescentes, les FAP et la population globale ;

• Renforcer les actions de lutte contre les maladies chroniques non transmissibles liées à l’alimentation ;

• Renforcer les interventions de nutrition en situation d’urgence dans les localités à fort défi sécuritaire ;

• Renforcer la prise en charge de la malnutrition aiguë chez les enfants et chez les femmes enceintes et allaitantes ;

• Poursuivre la mise en oeuvre des actions de prévention (ANJE) avec un focus sur les interventions sur la diversité alimentaire.

A l’endroit du ministère de la Solidarité de l’action Humanitaire de la réconciliation nationale, du genre et de la famille

• Renforcer la prise en compte de la nutrition dans les interventions humanitaires dans les zones abritant les personnes déplacées internes (PDI).

A l’endroit des partenaires techniques et financiers :

• Rendre disponible à temps les ressources financières et logistiques nécessaires à la mise en œuvre optimale de l’enquête ;

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