Dépenses publiques de 2020-2023 : seulement 10,24% de dépenses exécutées par an sur les prévisions du ministère en charge de la Santé selon une enquête du CERA-FP
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Le Centre d’études et de recherche appliquée en finances publiques (CERA-FP) a organisé un atelier de validation de l’enquête de satisfaction sur les dépenses publiques ce jeudi 27 juin 2024 à Ouagadougou. De cette enquête, il ressort que les populations burkinabè sont globalement satisfaites de la dépense publique de 2020-2023. Toutefois, seulement 10,24% de dépenses ont été exécutées sur les prévisions du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. Un taux qui matérialise le non-respect de l’engagement
national d’allocation de 12,7% des dépenses totales de l’Etat par an.
Cette analyse qui a couvert la période
2020-2023 a concerné quatre secteurs sociaux de base à savoir l’éducation, la santé,
l’eau et assainissement et l’agriculture. Selon le secrétaire exécutif du CERA-FP, Hermann Doanio, il était question de voir dans quelle mesure le cadre général des dépenses publiques est ficelé sur le plan juridique, mais aussi sur le plan du cadre normatif. « Aujourd’hui avec l’engagement des plus hautes autorités, nous constatons que les gens sont assez satisfaits des réalisations de l’État », a-t-il fait savoir. Il ressort de cette analyse que de façon globale, le cadre juridique des dépenses publiques s’est
renforcé avec l’implémentation du budget programme depuis 2017.
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Hermann Doanio, secrétaire exécutif/CERA-FP
Néanmoins, l’insuffisance de transparence et la participation citoyenne réduisent la qualité de la dépense publique. En considérant les ministères d’intérêt de l’analyse, le budget alloué au ministère en charge de
l’éducation nationale a été exécuté en moyenne 525,383 milliards de francs CFA par an sur une prévision moyenne de 539,125 milliards de francs CFA par an, soit un taux d’exécution moyen annuel de 97% sur la période sous revue. Les dépenses consacrées au MENAPLN exécutées représentent 18,78% des dépenses totales de l’Etat exécutées d’où le respect de l’engagement national de 15,6% du budget à allouer à ce ministère.
Toutefois, la crise sécuritaire et humanitaire que connait le pays impacte négativement sur l’évolution des
indicateurs de l’éducation. En ce qui concerne le secteur de la santé, il a laissé entendre que le budget alloué a été exécuté en moyenne par an de 284,65 milliards de francs CFA sur une prévision moyenne de 301,038 milliards de francs CFA, soit un taux d’exécution moyen annuel de 95% sur la période sous revue. En outre, les dépenses exécutées du ministère en charge de la santé représentent en moyenne par an 10,24% des dépenses totales exécutées de l’Etat. Ce taux matérialise le non-respect de l’engagement national d’allocation de 12,7% des dépenses totales de l’Etat par an. De plus, le contexte sécuritaire et humanitaire délétère entrave l’atteinte des résultats en matière de santé.
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Pour le secteur de l’eau et assainissement, le budget alloué a été exécuté en moyenne par an de
46,427 milliards de francs CFA sur une prévision annuelle moyenne de 55,832 milliards de
francs CFA donnant un taux d’exécution moyen annuel de 84% sur la période sous revue. Ce taux d’exécution est très satisfaisant selon le CERA-FP. « Toutefois, les indicateurs du secteur sont en baisse.
Cela pourrait se justifier par la crise sécuritaire et humanitaire », indique le centre. Le budget alloué au ministère en charge de l’agriculture a été exécuté en moyenne par an de 112,411 milliards de francs CFA sur une prévision moyenne par an de 140,992 milliards de francs CFA affichant ainsi un taux d’exécution annuel moyen de 80% sur la période sous revue. Ce taux d’exécution des dépenses consacré au ministère en charge de l’agriculture est
satisfaisant. Toutefois, la part annuelle moyenne des dépenses du ministère en charge de l’agriculture (4% des dépenses totales exécutées de l’Etat) est moins de la moitié de l’engagement de 10% du budget national à allouer au secteur de l’agriculture. Cette situation pourrait contribuer à aggraver l’insécurité alimentaire du pays. Pour ces ministères concernés, le secrétaire exécutif a signalé que les populations sont moyennement satisfaites. « Pour preuve, elles disent qu’il y a une certaine opacité dans la gestion des dépenses publiques, parce qu’il n’y a pas de mécanisme clair, par rapport à la participation citoyenne. Aussi les différentes actions politiques définies, qui contribuent à l’amélioration de leur vécu quotidien, ne sont pas souvent mis en œuvre de la bonne manière, parce qu’elles jugent que les délais administratifs ne sont pas suffisants. », a-t-il expliqué.
A entendre Herman Doanio, pour ce qui est des acquisitions, il y a encore des efforts à faire, mais pour ce qui est des réalisations d’investissement sur des infrastructures routières et autres, les populations sont satisfaites.
Au niveau de la transparence financière dans l’exécution du budget, il a laissé entendre qu’il y a des efforts qui sont faits, mais ces efforts doivent être renforcés. « Toutes les évaluations montrent que le Burkina met à la disposition du citoyen des informations minimales. Ce qui ne permet pas aux citoyens de contribuer que ça soit sur le plan fiscal que sur le plan de la proposition d’actions conformément à ses besoins. », a-t-il soutenu. Il ressort également de cette enquête que le Burkina Faso n’a pas de dispositif clair pour appeler à la participation du citoyen dans les activités budgétaires. « Ce qui veut dire que nous avons des politiques qui peuvent être prises en otage par un groupe qu’on peut appeler le gouvernement. Nous ne disons pas que c’est voulu, mais il faut travailler à associer cette population pour qu’elle puisse dire de quoi elle a besoin », a-t-il relaté.
Au regard des défis de développement du capital humain et du respect des engagements
internationaux dans les secteurs, des recommandations pour
accroitre les dotations au profit de la santé, de l’eau et assainissement et de l’agriculture ont été formulées. Par
ailleurs, les capacités des OSC doivent être renforcées sur le budget et l’analyse budgétaire pour
un suivi citoyen efficace du budget. Enfin, une stratégie de plaidoyer et de lobbying doit être
élaborée pour influencer les affectations budgétaires.
Wendaabo Cathérine KOURAOGO