Production d’huile fortifiée : la matière première, un véritable casse-tête pour les huileries du Burkina

Le gouvernement du Burkina Faso a choisi de lutter contre la malnutrition à travers la fortification de trois produits de grande consommation, notamment la farine de blé tendre en fer acide folique, le sel en iode et l’huile végétale en vitamine A. cependant, les huileries du pays ont du mal à se procurer la graine de coton (matière première) pour satisfaire le besoin des consommateurs.

Sur les 12 mois de l’année, l’Huilerie et Savonnerie du Faso (HSF) et celle de SOGEA-FASO et HSF travaillent deux mois dans l’année.   Cela s’explique par la rupture des matières premières que sont les graines de coton et l’acquisition de la vitamine A pour fortifier l’huile dû à la cherté des prix. « Normalement, ça c’est notre pleine campagne. Mais là, actuellement, nous ne travaillons pas parce que nous n’avons pas de matière première. C’est ça qui fait que nous sommes arrêtés. Nous avons eu seulement 2000 tonnes de coton pour un besoin de 20.000 tonnes pour cette campagne », a fait savoir la Directrice générale de HSF, Salimata Barro. Dans ces deux huileries, l’équipe a constaté l’arrêt des travaux en pleine campagne.

Salimata Barro, Directrice générale de HSF

Aucun signe de vie à l’intérieur de l’usine de production de HSF dans la matinée de ce 11 juillet 2024, si ce ne sont les vigiles postés à l’entrée. En effet, l’huilerie est en arrêt depuis près d’un mois par manque de la matière première qu’est la graine de coton. Sur 20.000 tonnes attendues pour faire fonctionner l’usine pendant 10 mois, l’unité de production n’a reçu que 2100 tonnes de la Société burkinabè des fibres textiles (Sofitex). Cette situation « malheureuse », est dû à la situation sécuritaire que vit le pays.

Ibrahima Sanou, chef d’usine de SOGEA-FASO

D’une unité de production à une autre, le problème demeure le même : la matière première. Moctar Salamatao, responsable de l’huilerie SOGEA-FASO indique que son usine a assez de personnel pour la transformation et tout ce qui est oléagineux mais que la matière première fait défaut. « Nous sommes à environ 60 et 70.000 tonnes de production l’année mais nous n’avons que 2000 tonnes. Donc ça veut dire qu’on ne travaille que deux mois dans l’année et les 10 mois, nous sommes en arrêt. Nous avons un mois d’entretien et les 9 mois tout le monde est à la maison », a-t-il notifié.

Moctar Salamatao, responsable de l’huilerie SOGEA-FASO

Néanmoins, les responsables de ses unités de production d’huile végétale ont un regard particulier sur la fortification de l’huile produite. De la presserie, la raffinerie en passant par le laboratoire et le conditionnement, tout est passée au peigne fin selon le chef d’usine de SOGEA-FASO, Ibrahima Sanou. Il a laissé entendre que pour passer à la fortification, l’huile est refroidie durant 24h entre 40 et 60° sinon la vitamine A peut prendre un coup. « Pour une quantité de 2000L, il y a un système d’échangeur. La vitamine A est déversée dans une cuvette. A travers le système d’échangeur, nous passons 15 minutes pour mélanger l’huile avec la vitamine A. Après ces 15 minutes, le laboratoire procède à la vérification avant de donner le feu vert au conditionnement », a-t-il expliqué.

Pour rendre accessible la vitamine A, il demande au ministère de tutelle de les aider pour que la Centrale d’achat des médicaments génériques (CAMEG) puisse les doter de cette matière servant à la fortification de l’huile. « Actuellement ce sont les commerçants qui nous fournissent tout ce qu’on utilise pour nettoyer l’huile. On parle de santé publique, et nous demandons au ministère de nous aider pour que la CAMEG puisse nous doter de la vitamine A parce que nous pensons beaucoup à la santé des Burkinabè », a-t-il demandé.

Wendaabo Cathérine KOURAOGO

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *