Lutte contre la malnutrition : les Directions régionales de la Santé du Sud-Ouest, des Hauts-Bassins et du Centre-Sud plaident pour de meilleures conditions de travail

Du lundi 8 au mercredi 17 juillet 2024, le Club des Journalistes et Communicateurs pour la Nutrition et la Sécurité Alimentaire (CJCN-SA) en collaboration avec l’Alliance Nationale pour la Fortification (ANF) a organisé une caravane de presse dans les régions du Sud-Ouest, des Hauts-Bassins, du Centre et du Centre-Nord. Composés d’une vingtaine de journalistes et de communicateurs, les caravaniers ont effectué une visite terrain dans les Directions régionales de la Santé et de l’Hygiène publique (DRSHP) dans ces différentes localités pour la prise en compte des aliments fortifiés dans les commandes publiques. De ces visites, il ressort que les DRS rencontrent des difficultés liées au contrôle.

Selon le représentant du Directeur régional de la Santé et de l’Hygiène publique du Sud-Ouest, Dr Ali Sogli par ailleurs Chef de service de la lutte contre la maladie dans cette direction, il y a des mesures qui sont prises pour la vulgarisation des aliments fortifiés à travers des cadres de concertation multi sectoriels qui regroupent plusieurs ministères et des sensibilisations sont faites. « Au niveau de la direction régionale de la santé, il y a un bureau qui s’occupe spécifiquement des questions de la nutrition. Ce bureau est composé de plusieurs acteurs. Le rôle des acteurs de ce bureau est de contribuer à la formation des acteurs, de nos collaborateurs sur le terrain pour qu’ils puissent relayer cette information au sein des populations individuellement et collectivement sur ces questions de nutrition », a-t-il fait savoir.

Cependant, la direction rencontre souvent sur des difficultés. Parmi celles-ci on peut citer entre autres la difficulté pour la population à distinguer les aliments fortifiés de ceux qui ne le sont pas. Et selon lui, le cadre statutaire n’a pas la capacité de pouvoir faire le contrôle. « Le contrôle est fait depuis le niveau central.  Et souvent on nous envoie une liste d’aliments, une liste de marque à éviter et nous on ne fait que relayer ces informations. Et s’il y a la nécessité, la police municipale nous accompagne à pouvoir faire un contrôle sur le terrain. C’est donc la petite faiblesse de ce groupe. Nous n’avons pas la capacité de contrôler », a-t-il expliqué. Dr Ali Sogli reconnait cependant l’existence d’un cadre régional multisectoriel spécialisé dans les questions de nutrition mais déplore la tenue irrégulière de ce cadre de concertation.

« Depuis six mois nous tentons de réunir ces cadres en vain. Je pense que la dernière rencontre a eu lieu en juin 2023. Depuis lors jusqu’à aujourd’hui, nous tentons de réunir donc ces cadres multi sectoriels avec beaucoup de difficultés », a-t-il signalé. Ainsi, il a    demandé l’accompagnement pour la tenue des cadres multi sectoriels pour débattre avec l’autorité administrative, les acteurs de la sécurité et les collaborateurs des autres secteurs déconcentrés pour trouver des solutions au profit des populations. Selon ses dires, l’autre chose est la capacitation de l’ensemble des collaborateurs sur le terrain pour participer aux contrôles de la sécurité sanitaire des aliments que la population consomme.

Les caravaniers le DRS du Centre-Nord

Pour ce qui concerne la région du Centre-Nord, le Directeur régional de la Santé et de l’Hygiène publique, Docteur Anicet Kpoda a laissé entendre que cette localité accueille près de 500.000 Personnes Déplacées Internes (PDI). Avec ces déplacements, les conditions d’hygiène et de nutrition ne sont pas satisfaisantes. Par conséquent une réponse sanitaire de résilience avec l’Etat et ses PTF est nécessaire.

« Nous rencontrons beaucoup de difficultés en lien avec la nutrition. Et quand on prend les résultats de l’enquête SMART, les taux de prévalence indiquent que la malnutrition a été sévère et les résultats ne sont pas très reluisants.  Nous travaillons beaucoup avec les autres directions, dans un cadre qu’on appelle le Conseil régional de la Nutrition qui est un comité technique. Ça nous permet vraiment de sensibiliser, de discuter avec eux, de ce qui est bien en termes d’alimentation, surtout la mise en place des cantines scolaires », a-t-il indiqué. Ce conseil est un cadre de concertation qui regroupe un ensemble de ministères comme celui de l’Agriculture, de l’Action humanitaire, de l’Elevage et de la Santé qui travaillent pour l’amélioration des conditions de nutrition des populations.

« Et pour ce qui est de la fortification des aliments, il faut dire que le fait de travailler avec les autres secteurs, le fait de mener des activités de sensibilisation, c’est déjà un élément qui peut permettre aux populations de consommer des aliments riches en micro-aliments », a-t-il souligné. Aussi, la DRSHP du Centre-Nord travaille avec des Groupes d’Apprentissage, de Pratique optimale d’Age (GASPA) et avec les agents de santé à base communautaire pour leur inculquer les bonnes pratiques. « Lors de ces séances-là, le message sur l’utilisation des aliments vraiment fortifiés est vraiment passé. Et aussi, avec les humanitaires tel que le PAM, qui offrent souvent des aliments, des farines enrichies de l’huile au PDI », a-t-il notifié.

La direction organise également des sensibilisations au profit des associations de la région qui font la transformation d’aliments pour qu’elles prennent en compte l’enrichissement de ces aliments qu’elles transforment et pour qu’ils contiennent vraiment des vitamines et des micro-nutriments. Nombreuses sont les difficultés rencontrées. A l’en croire, la thématique de la fortification des aliments n’est pas trop connue dans la région même si des plaidoyers sont faits.  A cela s’ajoute les personnes déplacées internes et la situation sécuritaire qui freinent souvent la mise en œuvre des activités.

Wendaabo Cathérine KOURAOGO

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