Accès aux soins au Burkina : la situation est toujours préoccupante selon le rapport 2023 du Réseau accès aux médicaments essentiels

Nonobstant les efforts du gouvernement du Burkina Faso, l’accès aux soins reste un défi majeur et le constat fait par le Réseau accès aux médicaments essentiels (Rame) caractérise une situation préoccupante dans les formations sanitaires. En effet, le rapport alternatif de veille citoyenne 2023 dudit réseau sur l’état des lieux de l’accès aux soins de santé pour les maladies prioritaires dans le pays indique que les populations rencontrent toujours des difficultés face auxquelles les gouvernants doivent prendre des résolutions.

Le rapport alternatif de veille citoyenne 2023 sur l’état des lieux de l’accès aux soins de santé pour les maladies prioritaires au Burkina, indique que 2% des usagers ont signalés avoir été victimes de violation de leurs droits humains et violences basées sur le genre ; 5% des centres de santé ont signalé des ruptures de produits antituberculeux au cours des trimestres ; 6% des femmes enceintes disent n’avoir pas reçu de MILDA et 25% parmi elles ont signalé des cas de ruptures de stock ; 13% des accompagnants des enfants et 8% des femmes enceintes disent n’avoir pas reçu gratuitement tous les médicaments dans les dépôts médicaments génériques (DMEG) ; presque toutes les formations sanitaires rencontrent des problèmes de disponibilité financière pour faire les commandes normalement en raison des retards de remboursement de la gratuité des soins. Le rapport indique une régression de plus de 7 points du niveau de fréquentation des enfants de moins de 5 ans pour la vaccination, passant de 24% en 2022 à 17% en 2023.

Toute fois, le rapport fait remarquer qu’il y a eu des avancées considérables en 2023. il mentionne une légère amélioration du temps d’attente dans les formations sanitaires en 2023 où 35% des personnes rencontrées disent avoir attendu plus de 30 mn (norme OMS) contre 37% en 2022, soit une régression de 2 points ; 80% des patients VIH étaient à jour de leur examen de charge virale ; 51% des patients vivant avec la tuberculose ont eu des visites à domicile réalisées par les Agents de Santé à Base Communautaire (ASBC) ; 98% des patients consultés pour le paludisme disent avoir bénéficié d’un test de diagnostic contre 97% en 2022, soit une amélioration de 1 point ; 92% des Comités de gestion (Coges) sont fonctionnels dans les formations sanitaires en 2023.

De ces constats, «il faut ajouter les efforts continus pour l’ouverture des postes de santé avancé dans les zones à fort défis sécuritaire, l’acquisition des cliniques mobiles pour améliorer la qualité des soins dans ces zones, la poursuite des politiques de gratuité des soins et la récente décision du gouvernement d’exonérer les examens d’IRM et dialyse pour les usagers concernés», fait remarquer Dr Christian Lamy, chargé de projet national au Rame. 

Cependant, le Rame estime que cette situation nécessite un engagement au plus haut niveau des responsables de la santé et des communautés pour qu’ensemble, le pays réalise la couverture sanitaire universelle dans un avenir proche. Le réseau recommande à cet effet au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, d’assurer l’effectivité de la mesure de gratuité totale de la charge virale et autres examens complémentaires pour les patients PV/VIH ; de faire des contrôles sur la qualité des prescriptions médicales contre le paludisme dans les formations sanitaires ; d’intégrer une proposition systématique du dépistage du col de l’utérus et des seins à toutes les femmes en âges de procréer qui fréquentent les formations sanitaires ; d’assurer le remboursement des dettes des formations sanitaires dans le cadre de la gratuité des soins et.

Aux collectivités territoriales, le Rame recommande de renforcer leur implication dans la gestion des questions de santé, d’assurer le renouvellement des mandats des Coges des formations sanitaires etc. Pour les zones à fort défis sécuritaire, il a été recommandé d’intégrer dans la formation des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), des modules de prise en charge du paludisme simple pour la prise en charge des autres VDP et de la population locale en cas de besoin ; de rendre opérationnelle les cliniques mobiles en collaboration avec les forces de défense et de sécurité lors des convois de ravitaillement de certaines zones sous blocus etc. Aux usagers, populations et acteurs communautaires, le Rame demande le renforcement de leurs connaissances sur leurs droits et devoirs en matière de santé afin d’améliorer la participation citoyenne ; de poursuivre les actions de veille citoyenne et d’alerte à tous les niveaux du système de soins pour aider à la prise de décision. 

Rappelons que dans le cadre de la veille citoyenne sur l’accès aux soins au Burkina, le Rame met en œuvre depuis 2014 en collaboration avec d’autres organisations de la société civile, un dispositif de veille dénommé « Observatoire Citoyen sur l’Accès aux Services de Santé (OCASS) ». Ce dispositif communautaire et citoyen permet de collecter les dysfonctionnements et les bonnes pratiques dans les centres de santé afin d’éclairer les décideurs et contribuer l’amélioration de l’accès aux soins de santé de qualité dans les centres publics au Burkina Faso. L’OCASS couvre actuellement tous les 70 districts sanitaires du Burkina grâce à des financements combinés de plusieurs partenaires dont le Fonds mondial à travers la subvention Palu/RSS et Expertise France par le canal de L’Initiative.

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