Violences gynécologiques et obstétricales : des atteintes graves aux droits des femmes, souvent invisibilisées dans les discours de santé publique selon l’ABEFAB

Les Violences Gynécologiques et Obstétricales (VGO) représentent un défi majeur au Burkina Faso. Pour y remédier, il est essentiel d’adopter une approche multisectorielle qui intègre la sensibilisation, la formation du personnel médical, et le soutien aux victimes. C’est du moins ce que pense l’Association Action communautaire pour le Bien-être de l’Enfant et de la Femme du Burkina (ABEFAB). L’association a réuni une vingtaine de journalistes le 30 décembre 2024 à Ouagadougou pour les outiller sur les VGO parce que selon elle, en utilisant leurs portées et leurs influences, les médias pourront jouer un rôle crucial dans cette lutte contre cette forme de violences.
Les violences gynécologiques et obstétricales sont des atteintes graves aux droits des femmes, souvent invisibilisées dans les discours de santé publique. « Ces violences se manifestent à travers des actes de maltraitance, d’abus et de négligence dans le cadre des soins de santé reproductive, affectant profondément la santé physique et mentale des femmes. Au Burkina Faso bien qu’il n’y a pas de données statistiques en la matière, nous constatons néanmoins une grande révolte au sein de la population se traduisant par des poursuites judiciaires, l’incivisme, les agressions, le vandalisme au sein de nos structures sanitaires. Face à ce constat amer, force est de reconnaitre que ces violences gynécologiques/obstétricales constituent un problème de santé publique et doivent par conséquent être traiter avec la plus grande attention », fait remarquer Sylvie Zoungrana/Konseiga, sage-femme.

Marceline Soala/Tou, présidente de l’ABEFAB
Selon l’ABEFAB, les violences gynécologiques et obstétricales ont longtemps été ignorées par les gouvernements et la communauté. Pourtant elles demeurent un défi sanitaire en Afrique et au Burkina Faso en particulier. « Lorsqu’une femme a été soumise à de mauvais traitements lors d’un accouchement dans une formation sanitaire, elle accouche le plus souvent à domicile pour son prochain accouchement. Il n’y a pas de consentement lors des consultations. Le médecin peut décider de faire une action sur la femme sans son consentement. Il y a parfois des injures, de mauvais comportements pendant les soins post-patome, l’intimidation, le mauvais traitement ou la négligence voire des coups et blessures volontaires qui leur sont infligés par le personnel soignant, une prise en charge par un agent de santé non qualifié. Il n’y a également pas d’accompagnement psychologique », déplore Marceline Soala/Tou, présidente de l’ABEFAB.
Des types de VGO, on peut citer les violences émotionnelles (injures, le gestuel, menaces verbales) ; les violences physiques (gifles, sévices corporelles) ; le déni de ressources (ruptures d’intrants, insuffisance d’équipement, insuffisance de compétence technique) ; le déni de service ou d’opportunités (absence de staff clinique journalier, incompétence technique des agents, mauvais accueil). Les principales causes l’insuffisance de compétences, l’insuffisance dans l’organisation des soins et des ressources, l’arrogance des usagers. Les VGO produisent de nombreux effets tels que la baisse du taux de fréquentation des services de maternité, les agressions physiques et morales dans les centres de santé, état de stress post consultation ou post accouchement.
Sylvie Zoungrana/Konseiga fait plusieurs recommandations.
A l’endroit des prestataires de soins :
– Communiquer suffisamment avec les femmes qu’on reçoit en consultions gynécologiques ou les parturientes en leur donnant l’information nécessaire a leur prise en charge
– Promouvoir l’humanisation des soins dans les salles de consultations et dans les maternités
– S’auto former a travers les recherches personnelles sur la prise en charge des patientes en fonction de sa spécialité
Aux responsables des structures de soins :
– Tenir de façon régulier les staffs et rappeler aux prestataires l’importance de la bonne relation prestataires patientes et organiser des rencontres périodiques afin de discuter sur les violences base sur le genre ainsi que les VGO dans la maternité
Aux autorités du département de la sante :
– Faire de la violence gynécologique et obstétricale une priorité dans tous les programmes (institutionnaliser)
– Plaidoyer avec le monde associatif pour sensibiliser les femmes à dénoncer les cas de VGO
– Plaider auprès des partenaires techniques et financiers pour l’adoption des projets et programmes forts contre les VGO.

Dans la poursuite de son combat contre les VGO, l’ABEFAB à travers son projet « Justice et dignité pour les femmes face aux violences gynécologiques et obstétricales » en partenariat avec Feminist Opportunities Now (FON) n’entend pas baisser les bras. Elle contre multiplier le plaidoyer avec l’ensemble des partie prenantes.