Burkina Faso : d’archiviste-directrice de service, Alizata Kouda démissionne pour devenir la « reine » du cosmétique et de l’agroalimentaire

Envoûtée par sa passion, Alizata Kouda démissionne de l’administration après 10 ans de service pour devenir la « reine » du cosmétique et de l’agroalimentaire. Aujourd’hui, elle est à la tête de Horlina Holding, un groupe qui se veut la locomotive du cosmétique et de l’agroalimentaire au Burkina Faso.

Horlina Holding, c’est une unité de formation, un institut de beauté, une unité de production agricole, un département de transformation agroalimentaire, un département de production cosmétique, un verger, une ferme et un showroom. Cette « reine » du cosmétique et de l’agroalimentaire au Burkina a bâti sa notoriété sur la promotion du naturel et du « consommons local ». Alizata Kouda la promotrice, est une ancienne directrice des archives d’un ministère de la place. Son aventure a commencé lorsqu’elle s’administrait des soins esthétiques personnels. Ainsi et sur recommandations d’amies et admirateurs, elle sacrifie ses temps de détentes et de plaisirs au profit de la formation dans le domaine. Quelques années plus tard, Horlina voit le jour au domicile familial, dans le quartier Pissy de Ouagadougou.

«L’élément» (comme elle aime bien se faire appeler sur les réseaux sociaux) était loin de s’imaginer qu’elle venait ainsi d’ouvrir une nouvelle page de son histoire et celle de la famille Kouda. De simple unité de production, Horlina va se transformer en une véritable « Holding » en début 2024 avec plusieurs entités. Une ferme, un verger, des salles de massage, d’entretien en soins corporels, un showroom, une salle de formation et une salle de production.

En sept années d’existence, l’institut Horlina fait des heureuses à l’image de Adiarra Zembénogo, une fidèle cliente qui parcourt plus d’une dizaine de kilomètres pour se rendre au showroom afin de  se procurer les produits Horlina.

Et derrière cette appellation, se trouve toute une histoire. En effet, Horlina n’est que la conjugaison des prénoms des deux filles de Alizèta Kouda, Horsi et Lina. L’enfance a été plus qu’une épreuve pour A.K. dont le père a passé le clair de son temps en Mauritanie, loin de sa terre natale. « Il y a eu des jours où on devait manger. Et c’est lorsqu’il y avait des restes que maman se restaurait », se remémore-t-elle. « À mes filles, je voulais et je veux toujours donner une autre image de la femme : celle d’une personne qui peut débuter à partir de quasiment rien, qui n’a pas besoin de tendre tout le temps la main, celle qui n’est pas un boulet pour les autres, mais qui peut également apporter quelque chose à sa famille et à la nation », raconte-t-elle avec fierté.

Cependant, abandonner son poste de Directrice de service avec tous les avantages que cela procurait pour s’adonner à l’entrepreneuriat relève d’un secret pour les mortels : « Je dirai que c’est la passion. Parce qu’il est vrai qu’au début, lorsque j’ai demandé à être déchargée de ma fonction de directrice, après avoir été cheffe de service, cela faisait bizarre et il y avait beaucoup d’interrogations », se souvient-elle. « En général, à partir de dix ans de service, on peut recevoir une décoration. Donc j’estime que dix ans après, c’était également le moment idéal pour moi de lâcher cette branche pour permettre à d’autres personnes également de pouvoir entrer dans la Fonction publique, et me consacrer à 100% à ma passion, et mieux gérer mon entreprise », lâche l’amazone des temps modernes.

Pourtant, les difficultés ne manquent pas : « déjà, il fallait gérer la vie de famille, gérer les enfants. A cela venait s’ajouter la gestion de l’entreprise, ce qui était compliqué, surtout que l’entreprise a commencé au domicile. Il fallait manipuler de la soude. Pendant qu’il y a de petits enfants, il fallait être disponible tout en étant occupée également à gérer l’entreprise, ce n’était pas facile. Il fallait être en même temps fonctionnaire et faire de la production, de la transformation agroalimentaire. Il fallait se dégager, aller à la ferme, s’assurer que le verger est bien entretenu, que tout est arrosé. Qui dit verger, dit ferme, ce qui demande un minimum de présence, sinon, à un moment donné, ça peut coincer, donc il fallait faire beaucoup de choses à la fois. Il y a eu des moments où on produisait mais ce n’était pas ça, soit parce qu’il y a eu des problèmes d’arrosage, etc…Etant donné que nous sommes dans le domaine du naturel, on évite tout ce qui est chimique, ce qui est un peu compliqué à gérer. Il y a des moments où on a commandé de la matière première mais qui est arrivée complètement pourrie. C’était beaucoup d’argent perdu. »

Face aux difficultés et autres motifs de désespoirs, Alizata Kouda a su  compter sur les siens. « Il y a eu des moments où tu te demandes si on n’a pas envoyé des personnes pour te traumatiser, tester ton endurance. En ce moment, tu te demandes si tu ne vas pas arrêter, parce tu ne peux pas faire tout toi-même. Tu es obligée de demander de l’aide. Mais à côté, il y a eu également de bonnes personnes. Autant il y a des ressources humaines pas faciles à gérer, autant il y a ces collaborateurs et collaboratrices qui font des efforts et qui nous donnent du baume au cœur et l’envie de continuer. Et il y a surtout ma mère qui est à côté. J’ai eu la chance de l’avoir et elle s’implique, m’aide beaucoup, même lorsque je vais en voyage.  Il y a des moments où le problème de santé se pose, où on est épuisé, ou on court dans tous les sens, mais derrière, il y a mes filles qui ont besoin de moi, qui doivent pouvoir être fières et  avoir une source d’inspiration pour savoir qu’être une femme,  ce n’est pas un handicap. Il y a ma mère qui, même quand elle ne parle pas, tu sens dans son regard qu’il y a de la fierté, ce qui est une invite à toujours avancer. »

Malgré cette « réussite », la « Reine du cosmétique et de l’agroalimentaire » à la tête sur les épaules. « Quand tu mets en place une telle structure, tu dois pouvoir toi-même montrer l’exemple. Lorsque toi-même tu poses des actes et que tu demandes à tes collaboratrices et tes collaborateurs, cela te permet d’être empathique, parce que ça te permet de savoir que les tâches sont difficiles. Il ne s’agit pas de juste mettre en place une entreprise, créer un joli bureau, s’asseoir là-bas et attendre des retombées », conseille-t-elle.

Et c’est cette rigueur qui a permis à Horlina Holding d’employer, à ce jour, une quinzaine de personnes permanentes sans compter les emplois indirects et de disposer d’un verger de plus de trois hectares à Bingo et Komsilga, avec plusieurs spéculations telles que le citron, le tangelo, les mangues, la pomme de terre, les oignons, le poivron, la tomate, le piment et une ferme avec du bétail qui lui permettent de d’approvisionner en matière première. L’élément ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle rêve d’une véritable industrie de cosmétique et de l’agroalimentaire pour le bonheur du peuple burkinabè.

La Rédaction

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