Au Burkina Faso, les carences en micronutriments demeurent un problème majeur de santé publique et un obstacle au développement socio-économique malgré une amélioration des indicateurs ces dernières années. Selon Elisabeth Ouédraogo, chargée du programme de fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l’Ouest de Catholic Reliefs Services (CRS), les causes de la malnutrition sont multifactorielles et la lutte ne peut être que multisectorielle et impliquer toutes les couches de la société. D’où la tenue du 25 au 27 octobre 2023 à Koudougou d’un atelier de renforcement de capacités et de production de messages de sensibilisation et de plaidoyer sur la fortification alimentaire à grande échelle.
Pour accompagner les efforts du gouvernement dans la lutte contre la malnutrition Catholic Relief Services (CRS) met en œuvre le projet de fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l’Ouest. L’un des objectifs du projet est d’étendre et d’améliorer l’enrichissement des aliments à grande échelle en Afrique de l’Ouest et notamment au Burkina Faso afin de combler le déficit en nutriments pour les filles, les femmes et les populations vulnérables.
Tous engagés contre la malnutrition au Burkina Faso
Le projet accompagne le Réseau des organisations de la société civile pour la nutrition (Resonut) en vue de produire des messages de sensibilisation et de plaidoyer sur la fortification alimentaire à grande échelle. Il s’est agi essentiellement de renforcer les capacités des champions en nutrition, du réseau des parlementaires, du réseau des jeunes leaders pour la nutrition, des groupes de plaidoyer et des personnes modèles pour la production de messages de sensibilisation et de plaidoyer pour une meilleure fortification alimentaire.
Dr Abdoulaye Gueye, de la Direction de la nutrition
En effet, « la carence en micronutriments qui passait jusque-là sous silence est en train d’afficher aujourd’hui un cliché très triste. Il y a la carence en fer où près de 50% des femmes sont anémiées, où un enfant sur trois en âge de scolarisation est anémié, où 23% seulement du sel alimentaire consommé au Burkina est iodé. Et quand on connait les conséquences de chacun de ces micronutriments, il y a lieu de s’inquiéter », fait remarquer Dr Abdoulaye Gueye, de la Direction de la nutrition.
Pour le nutritionniste, cette rencontre qui réunit à la fois des champions en nutrition, des jeunes leaders en plaidoyer pour la nutrition, des parlementaires etc. est d’une importance capitale. « Il s’agit pour nous de conjuguer nos efforts et aller non seulement dans la même direction mais aussi dans le même sens en vue de réduire l’impact des carences en micronutriment. » A terme, des messages de sensibilisation et de plaidoyer en fonction des trois véhicules (sel, farine de blé et huile végétale raffinée) ont été élaborés par les participants.
Elisabeth Ouédraogo, chargée du programme de fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l’Ouest de Catholic Reliefs Services (CRS)
‘’Les causes de la malnutrition sont multifactorielles et la lutte doit être multisectorielle’’
Pour Elisabeth Ouédraogo, les conséquences de la malnutrition dans la vie des femmes et des enfants sont très dramatiques : « C’est pour cela que CRS avec l’appui de la Fondation Bill et Mélinda Gate à travers ce projet, lutte contre les carences en micronutriments. Les causes de la malnutrition sont multifactorielles et la lutte ne peut être que multisectorielle et impliquer toutes les couches de la société dont le Resonut qui est un vaste réseau de personnes engagées dans la lutte contre la malnutrition, nous donne plus de chances de réussir dans cette stratégie. »
Naaba Sanem, chef de Foulla, champion en nutrition de Boussouma
« Un peuple mal nourrit n’est pas productif. C’est pour cela que nous nous engageons à commencer les bonnes pratiques de nutrition dès la base pour que les enfants aient leur épanouissement de croitre normalement. Tout leader communautaire et régional doit être motivé dans cet engagement. La nutrition n’est pas un lux mais un droit et nous nous devons d’accompagner les acteurs engagés dans la lutte contre la malnutrition. »
Daïla Farès (au milieu), coordonnateur nationale de la jeunesse pour la nutrition au sein du mouvement Scalling up nutrition
« Nous voulons œuvrer pour un processus d’amélioration des systèmes agricoles afin que cela puisse répondre aux besoins alimentaires de la population. Nous voulons aussi que les communautés puissent avoir une alimentation saine et équilibrée. Parce que c’est ce qui permettra à la jeunesse d’avoir la vigueur d’être productive. Au sortir de cet atelier, nous allons nous regrouper et transmettre les connaissances acquises à d’autres jeunes. »