Mutilations génitales : « un moyen pour les hommes de contrôler la sexualité des femmes »
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La forte propension de personnes excisées en Afrique subsaharien s’expliquerait essentiellement par la dimension traditionnelle, culturelle et/ou religieuse de la pratique depuis des siècles. Plusieurs facteurs en sont les causes et les conséquences sont énormes. Selon Mireille Flora Djegba, Ingénieur en technique de santé publique en Côte d’Ivoire, c’est « un moyen pour les hommes de contrôler la sexualité des femmes. »
En effet, l’excision fait partie d’un rituel traditionnel de passage à l’âge adulte pour les filles âgées à peine d’une quinzaine d’années, âge auquel elles sont censées se marier. C’est pourquoi l’excision se pratique traditionnellement juste avant le mariage, afin de rendre la future jeune mariée « pure » aux yeux de son futur mari.
L’excision est aussi un moyen pour les hommes de contrôler la sexualité de leurs femmes. Toutefois, le procédé a perdu de son sens culturel et traditionnel : l’opération est aujourd’hui généralement réalisée avant l’âge de 5 ans en milieu rural et dans les 40 jours suivant la naissance en milieu urbain. Les hommes refusent parfois d’épouser une fille non excisée, car l’excision n’est pas seulement une pratique culturelle ou religieuse, c’est aussi un moyen pour les hommes de contrôler la sexualité des femmes.
La pression sociale, le tabou autour du sujet, le manque d’informations sur ses conséquences néfastes pour la santé, les amalgames avec la religion musulmane, les croyances et les superstitions très ancrées dans les communautés, font de l’excision une des pratiques traditionnelles néfastes les plus difficiles à éradiquer au monde.
Problèmes vaginaux, souffrances, saignements abondants, infections (tétanos, maladies sexuellement transmissibles…), déscolarisation dans les cas où l’excision est suivie d’un mariage précoce, douleurs en urinant, douleurs pendant les rapports sexuels et les menstruations, risques d’incontinence, complications lors des grossesses et des accouchements, infertilité, détresse psychologique, état de choc violent et mort sont entre autres conséquences de cette pratique qui malheureusement à la peau dure.
Dans la plupart des cas, les conséquences catastrophiques de cette forme de mutilation génitale féminine sont inconnues des populations la pratiquant. En effet, la majorité des femmes excisées qui rencontrent ces problèmes ne savent pas que ceux-ci sont liés à l’excision dont elles ont été victimes à l’enfance, ces problèmes ne survenant pour la plupart qu’au moment de la puberté.
Au moins 200 millions de filles et de femmes en vie aujourd’hui ont subi des mutilations génitales
L’excision ou mutilations sexuelles féminines recouvrent toutes les interventions incluant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins qui sont pratiquées pour des raisons non médicales. Au moins 200 millions de filles et de femmes en vie aujourd’hui ont subi des mutilations génitales.
Les mutilations sexuelles féminines se classent en 4 catégories :
Type 1 : ablation partielle ou totale du gland clitoridien (petite partie externe et visible du clitoris et partie sensible des organes génitaux féminins) et/ou du prépuce/capuchon clitoridien (repli de peau qui entoure le clitoris).
Type 2 : ablation partielle ou totale du gland clitoridien et des petites lèvres (replis internes de la vulve), avec ou sans excision des grandes lèvres (replis cutanés externes de la vulve).
Type 3 : l’infibulation : rétrécissement de l’orifice vaginal par recouvrement, réalisé en sectionnant et en repositionnant les petites lèvres, ou les grandes lèvres, parfois par suture, avec ou sans ablation du prépuce/capuchon et gland clitoridiens (type 1).
Type 4 : toutes les autres interventions néfastes au niveau des organes génitaux féminins à des fins non médicales, par exemple, piquer, percer, inciser, racler et cautériser les organes génitaux.
Pour remédier à cette pratique, il faut accentuer l’éducation des hommes et des femmes, la mobilisation des leaders religieux et coutumiers, la sensibilisation des exciseuses etc.